Le cabinet de conseil lyonnais naît en 2011, suite à un dépôt de bilan. Cinq salariés s’associent et repêchent leur activité. Histoire d’une aventure collective, montée en Scop.
La Scop Itinere Conseil est née d’un dépôt de bilan. Quand Equation Management, société de conseil de plus de vingt ans, fait faillite début 2011, son pôle chargé de l’évaluation des politiques publiques a quatre ans. « Au moment des difficultés, j’étais manager du pôle et nous avions six mois de travail d’avance. Notre équipe était très soudée, nous apprécions nos clients et nous ne supportions pas l’idée de leur annoncer l’arrêt des projets », raconte François Lecouturier, gérant et co-fondateur de la Scop Itinere Conseil, cabinet lyonnais de conseil en politiques publiques.
Conserver des méthodes collaboratives
Equation Management espère « récupérer ses billes » et l’équipe, les marchés entamés. La solution d’une reprise traverse l’esprit du manager qui interroge ses collègues sur leurs envies et tâtonne avec eux. L’idée de la Scop circule lors des échanges. Le périmètre de l’entreprise à reprendre se clarifie. Une première ébauche du projet apparaît : « Grâce aux outils financiers mis à disposition par l’Urscop, nous sommes parvenus à un montage financier raisonnable », se souvient l’actuel gérant. Les cinq associés – ex-consultants d’Equation Management – puisent dans leurs bas de laine et cumulent 18000 euros, complétés par un prêt Nacre à taux zéro de 15000 euros. « Le modèle classique ne m’intéressait pas. Nous voulions conserver notre fonctionnement collaboratif sur les outils et la méthode de travail. S’en priver était une erreur, d’autant plus qu’il y a dans l’équipe plein de jeunes gens porteurs d’idées nouvelles », explique François Lecouturier.
Plus responsables, plus efficaces ?
Accouchement rapide : en mai 2011, la Scop Itinere Conseil est là. Il faut la structurer. « Avec un rôle d’employeur et d’associé en même temps, il n’est pas facile de se situer. Nous avons inventorié dès le départ les types de décision et leur partage, le degré de concertation », confie le gérant. A six mois, Itinere n’a remporté aucun marché. Les associés, habitués à une réussite de 30 à 40%, sont inquiets. Le temps de se faire un nom : la société décolle en 2012, et voit son Chiffre d’Affaires bondir de 400000 à 520000 euros. « Faire partie de la vie de l’entreprise, c’est motivant », partage Romain Seigneur, consultant associé, aujourd’hui âgé de 26 ans. Itinere Conseil s’est spécialisé dans les questions d’éducation, d’insertion, de logement, d’hébergement et de santé. Elle vient par exemple d’établir l’évaluation sur la qualité de vie dans les lycées rhônalpins. « Notre analyse des politiques publiques s’appuie sur des enquêtes de terrain auprès de vraies personnes », appuie François Lecouturier. Quid des perspectives ? « Structurer et développer nos compétences. Nous devons faire preuve d’innovation dans un domaine qui évolue », partage le gérant, rassuré par une activité désormais stabilisée.
Adeline Charvet
Article réalisé en partenariat avec la revue Acteurs de l’économie